INTERVIEW BOENTJE CAFE
Sandrine et Victoria, les drôles de dames du 18 place Colignon ont ouvert le Boentje cafe
Le boentje cafe ou le break zéro déchet– Partie 1
Vous vous connaissez depuis longtemps?
Depuis nos quatorze ans, on s’est rencontrées au cours de théâtre.
Quelle degré de complicité faut-il pour se lancer dans cette aventure à deux?
Ce n’est pas une question de degré de complicité, c’est de la comptabilité:
il y a des gens très proches qui ne peuvent pas travailler ensemble.
C’est une question de se connaitre. Sinon c’est un risque et accepter les défauts, les choses qu’on aime ou pas
parce que c’est pas pendant les rush qu’il faut découvrir que tu ne connais pas l’autre.
Professionnellement on ne se connaissait pas donc on a trouvé important de bosser à deux avant!
Ce n’est pas pareil en colloque et en voyage. Tu peux être complice mais faut voir ce que ça donne professionnellement.
On a donc bossé ensemble dans deux cafés ensemble pendant six mois. En tout, un peu plus d’un an pour moi (Sandrine) et un tout pile pour Vic.
On s’est rendus compte qu’on était complémentaires notamment dans les situations de stress, tout le monde réagit différemment.
Vous avez grandi dans des familles écolo?
Vic : oui
Sandrine : non pas forcément, ma conscience est venue rapidement mais je ne pouvais pas la mettre en action parce que quand t’es petit
tu ne choisis pas ce que tu achètes. Ca a commencé avec les animaux.
L’école m’avait un peu conscientisée, je ramassais les déchets dans la cours de récrée. Je ne sais pas trop, télé, profs…
je m’y suis mise en coloc quand tu prends tes décisions seule car c’est ta tune, tu es maître de tes choix.
Les premières étapes du boentje cafe : de l’idée du café à la programmation de demande d’aide pour le peindre?
Vic : moi, en troisième bac.
Sandrine : Y a l’étape avant, c’est celle du rêve.
Une discussion dans un bar en bac 1. En bac 2, on parlait d’idées débiles, genre des téléphones à table pour passer commande
et en bac 3 : on se dit « peut-être ». Puis on se dit: ce n’est pas qu’un rêve.
C’est une sorte de demande en mariage: c’est très sérieux et tu ne sais pas comment l’amener…. parce que tu sais que si l’autre te dit non,
t’auras pas les couilles de le faire seule. J’étais en erasmus à Montréal et je venais de rompre avec mon copain. On a skypé avec Vic et on s’est dit
qu’avant de faire autre chose fallait qu’on se lance sinon on ne le ferait jamais. Après, faut l’annoncer aux parents, faire une sorte de coming out (rires).
Les deux : Au début c’est un peu dur car tous nos potes avaient fini, ils faisaient le barreau ou travaillaient dans une grosse boite, etc…
Nous, quand on nous demandait ce qu’on devenait, on répondait « serveuse » et on se sentait obligés de justifier.
Sandrine : Quand je suis devenue gérante, c’était plus facile
Vic : parce que la tête des gens se décomposent quand tu dis « serveuse ».
Sandrine: moi j’avais des préjugés, ça voulait dire que t’étais con.
Mais en bossant dans l’Horeca tu te rends compte qu’en fait ce sont des gens qui ont un rêve qui n’est pas facilement réalisable.
Ils ont toute une vie: tatoueur, acteur, comédien…ce sont toujours des gens passionnants, parfois t’as des cons mais pas que…
C’est rare un serveur à temps plein au final.
Est-ce facile d’être jeune entrepreneur à Bruxelles?
Les deux : Y a beaucoup de structures d’accompagnement, on est hyper encouragés, on était surprises.
C’est hyper valorisé, si tu fais ça c’est que tu es couillu. Les gens du club, se disent que t’es comme eux, les autres d’admirent parce qu’ils
ne pourraient pas le faire.
Et en fait, comment on est au courant de tous ces mécanismes de soutien ?
Les deux : Tu mets le doigt dans l’engrenage , on commencé par le truc à coté: Solvay entrepreneur puis
on a été à des ateliers et on a été voir des gens qui avaient leur propre café, du style la meuf du Phare café et t’apprends des
tips.
Sinon appelle le 1819 : numéro pour entreprendre à Bruxelles
Zéro déchets, c’est l’époque qui le veut? Est-ce que ça va tenir le temps d’une décennie?
Les deux: ça a aidé, la mode à ce sujet, car tu peux mettre un mot dessus.
C’est pas parce qu’on en en parle partout tout le temps que c’est mal.
On a choisi ça avant le phénomène. Ca a été vite car au début de nos formations, on disait zéro déchets et t’avait des gens qui ne savaient pas ce que c’était et maintenant, tout le monde en parle. C’est cool que l’écologie soit à la mode, ça veut dire que les choses tournent dans le bon sens.
Sandrine: je trouve ça cool que ce soit pas que le mec puant qui soit l’image de l’écologie, maintenant c’est sexy.
Ce sont de graines de chia dans ton bol, tant mieux si on démocratise ça, on va pas cracher dessus.
Y a-t-il un moment où vous vouliez tout lâcher?
jamais quand on se rendait compte que quelque chose allait être plus cher, plus difficile, on continuait mais les choses nous sourient pas mal, en général.
Un point fort chez l’une et l’autre?
Sandrine Chez Vic, pas la créativité…c’est pas vraiment ça, c’est tout ce que ça implique.
Elle sort des sentiers battus, elle va penser à faire quelque chose d’une certaine manière qui va être différente et elle s’en fout un peu.
Après, moi je lui dis si c’est faisable financièrement ou pas. En fait c’est pas créatif, c’est ouvert, elle laisse trainer ses oreilles partout et en plus, elle a le contact facile..
Quand t’es un réceptacle à idées en écoutant le monde autour de toi, tu fais juste le choix entre mille idées et c’est cool.
Vic : Sandrine c’est la détermination: elle a une idée et elle la pousse et d’une bonne façon, de façon originale.
Moi j’arrive avec des idées un peu floues et elle met du concret dans tout, elle fait pas les choses à moitié.
Un point insupportable?
Sandrine : c’est relié à son point positif, parfois c’est trop d’infos!
Comme elle est hyper sociable et moi j’ai parfois besoin d’être seule, ça me fatigue d’entendre plein de gens et trop d’infos.
Je l’accepte car c’est le revers de la médaille, j’accepte d’être noyée car ça apporte full richesse au projet.
Vic (à Sandrine): j’arrive avec une idée nouvelle et tu peux parfois juger une situation rapidement sans vraiment la connaitre. Tu as parfois
des a priori
Dans la vie, que faites-vous de zéro déchet ?
Sandrine : Juste derrière toi y’a un magasin de vrac et derrière toi, une station villo.
Après c’est compliqué, tu vas boire des cafés et tes biscuits sont emballés, tes serviettes sont à usage unique…
Après « zéro déchet » c’est pas au sens propre, c’est un processus évolutif. J’ai une voiture, c’est confo, tu poses ton cul et hop!
Mais maintenant, je me suis bougée pour réparer mon vélo, c’est rapide et pratique.
Parfois c’est des bêtes trucs: on a plus de film plastique à la maison, on met des assiettes..
Vic : maintenant, e zéro déchets, c’est minimaliste. Et c’est finalement plus simple, tu mets une assiette, ça t’empêche de devoir te bouger au supermarché
et de trouver une façon de coller ce plastique qui est toujours mal coupé, ce qui est trop chiant.
Y a pas une façon d’être zéro déchets, chacun aménage selon son style de vie et plus d’entreprises le facilitent aussi.
Ce sera quoi l’univers boentje cafe, il est inspiré de quoi?
Sandrine : je laisse la créative parler.
Vic : on a essayé d’aller dans plein de cafés, on voulait créer un truc de très doux, où on se sentirait bien.
Un truc « boentje » quoi (cela veut dire « coup de coeur » en bruxellois). On a bien trouvé car ça a le coté bruxellois et câlin, ça peut dire plein de trucs.
Sandrine : on prend soin des gens, de la planète, de l’environnement.
On va essayer de prendre soin du mec qui vient avec son bébé, du mec allergique au gluten même si c’est pas simple
de prendre soin de tout le monde.
Vic : Je trouve ça mieux sinon t’es aigri. Si tu te nourris de tes rencontres, les journées sont moins lourdes. Si tu craches sur les gens et que tu n’en fais rien
bah voila…
Sandrine : Si tu sais rester calme, mignonne et gentille, tu verras qu’il va s’adoucir. Il sera agressif trois fois et la quatrième, il va se calmer
mais c’est pas simple: il sort du boulot, il est vénère, son café est froid ..bon toi aussi tu bades dans ta vie mais faut garder son calme.
Dans le service, qu’est-ce que vous proposerez que vous n’avez pas trouvé ailleurs, à part le concept?
Les deux : Une relation plutôt personnelle au client, bon on n’a pas non plus inventé l’eau chaude mais c’est ce qu’on veut avoir.
Quand tu veux sortir et que t’as ton biscuit emballé, tu te dis « merde! » et là on veut offrir un espace ou tu peux sortir, avoir une vie sociale tout en continuant à faire attention.
Point de vue com, vous avez-vous eu assez de visibilité et comment?
Sandrine : on a appris sur le tas. On a mis du temps avant de créer la page Facebook, moi je trouvais ça trop tôt, c’était pas encore assez concret.
Vic disait que ça allait déjà créer une communauté. Et rassembler une communauté, c’est hyper fort: t’as pas encore ton resto mais les gens t’aiment déjà car vous partagez les mêmes valeurs.
On nous a déjà dit que notre com’ était efficace: on parle juste sur Facebook comme on parle à des amis. C’était pas calculé, c’était plus facile pour nous!
Après, on a trois photos sur insta. On ne savait pas l’utiliser au début, par exemple: on n’avait pas le réflexe de taguer plein de choses genre pour ton growfunding, tu tagues ta page, etc…
On nous a dit: les photos qui marchent sont celles avec des gens, car les gens savaient mettre un visage et ça les incluait. Ils font partie de quelque chose.
On a aussi créé la boentje team.
Un peu comme les directioners d’il y a quelques années haha..Bon, derrière le binôme qui réconcilie blonde et brune, qui sont les visages cachés?
Les deux : on est authentiques! pas de masques!
Vous envisagez déjà un après boentje cafe ?
Les deux : ouais! alors: on aimerait bien pousser le zéro déchet jusqu’à l’hôtellerie et faire une auberge zéro déchets!
On veut ouvrir un hôtel et plein de cafés mais pas une chaine! Limite faire des cafés éphémères et un foodtruck…d’autres trucs.
On ne veut pas faire une franchise, ça nous emmerderait. Dans tout ces trucs, on veut insuffler une âme écologique.
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