Les fiancés de l’hiver donnent le coup d’envoi de la saga addictive (la passe-miroir) de Christelle Dabos parue chez Gallimard en été 2013.
Si vous n’avez pas encore posé les yeux sur sa superbe couverture à la fois aérienne et sérieuse, c’est peut-être le moment de diriger votre regard vers le rayon jeunesse de votre libraire (oui, oui, on a bien lu jeunesse !).
Et alors qu’il reste encore un dernier tome à paraître, La passe-miroir ne cesse de faire parler d’elle, l’occasion était trop belle pour ne pas s’y pencher sérieusement – et surtout avec plaisir.
Pas de spoil dans cet article, venez sans crainte ! Simplement de quoi vous faire (re)découvrir le plaisir de lire du fantastique.
À titre personnel, depuis mes sacro-saints Harry Potter jamais égalés (pardon, j’ai perdu mon objectivité #potterhead oblige)
je ne peux pas dire que les romans fantastiques aient accaparé les rangs de ma bibliothèque. Voilà qui va pouvoir changer et cela grâce à Ophélie.
Ophélie est « liseuse » de profession sur Anima, son arche familiale.
C’est-à-dire que par un simple touché de la peau nue de ses petites mains expertes, elle est capable de connaître le passé d’un objet… ainsi que les bribes d’histoires de celles et ceux qui l’ont eu entre les mains.
Son quotidien s’égrène poliment, appliquée essentiellement à son travail ou à passer du temps avec sa fratrie de plus jeunes frères et sœurs – dont elle peut s’échapper à l’occasion en traversant des miroirs.
On l’aura compris, la petite liseuse est une bien discrète et solitaire jeune femme dont on ne remarquerait pas la présence dans une pièce si elle n’était pas continuellement trahie par son indécrottable maladresse.
Pourtant, ce quotidien bien huilé dans sa tranquillité apparente, va être fondamentalement bouleversé par l’annonce de son futur mariage avec un prétendant venu du Pôle (entendez une autre arche éloignée et opposée en tout point à la légèrement plus rurale et accueillante Anima).
À l’image des alliances maritales profitant d’une cour à une autre Ophélie n’a pas voix au chapitre quant au choix de son futur mari… Thorn.
Grand, raide et froid de prime abord, cet heureux élu ne force pas la sympathie.
Et ça ne s’arrange pas au deuxième abord. N’ayant d’autres choix que de se plier aux décisions prises en son nom, Ophélie suit son futur époux vers des contrées nouvelles.
Si la rencontre avec Thorn n’était pas des plus chaleureuses elle n’était qu’un amuse-bouche à ce que la jeune femme va devoir affronter : une horde de courtisans jamais rassasiés de voir des têtes tomber, une belle-famille exigeante, des clans rivaux et des menaces jamais légères.
Le Pôle c’est la cour de Versailles, le fantastique en sus.
Jeux de pouvoir, manipulations et chantages en font un lieu où il est létal de baisser la garde… En cela, le personnage d’Ophélie est réellement intéressant.
Révélant une force de caractère, puisant dans ses ressources et prenant en main son destin, elle est un emblème pour les timides qui s’affirment. Derrière ses lunettes et son filet de voix fluet se tapit dans l’ombre la volonté d’une femme qui ne s’en laisse pas conter. Et ça, on aime !
Je m’arrête ici pour vous laisser le plaisir de découvrir les méandres et les impasses de la cour par vous-mêmes.
Un dernier point cependant sur la forme de l’ouvrage.
Christelle Dabos marque des points en usant d’un vocabulaire large et parfois un peu désuet qui colle très bien aux bottines à boutons, fiacres et télégrammes qui fleurissent au fil des pages, nous replongeant dans un antique décor que l’on ne date jamais mais que l’on devine derrière la dentelle de ces dames aux élégantes toilettes.
Malgré une trame narrative dont la mécanique s’enclenche un peu vite pour nous laisser le temps de saisir tous les éléments ou intégrer le cours des événements…
Rien ne m’a empêchée de poursuivre ma lecture avec avidité. Ni de lire le tome deux ainsi que le troisième.
Je disais donc : addictif !
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Bel article… ça donne envie
Merci Nicolas. N’hésitez pas à nous faire part de votre avis après votre lecture 🙂
Bientôt de nouvelles critiques littéraires.
Beau week-end